Publié sur LSPB le 9 mai 2025

Bonne nouvelle, fraîchement élus ou durement enracinés, les pouvoirs forts prospèrent sur la planète, avec l’inépuisable Donald en tête de gondole.

Mais au lieu de nous en lamenter (trop facile), ou de tenter de les imiter (trop lâche), réjouissons-nous : car le danger despotique est si brûlant, qu’il exige désormais de tout démocrate de réfléchir au moment d’après.

Cessons donc de chouiner sur Trump ou Poutine, et préparons leur succession, qui n’a jamais été aussi proche.

Commençons par les observer avec attention : première leçon à tirer, ces populistes ont pu surfer sur de vraies attentes sociales, le désespoir des petits blancs américains, ou l’esprit de revanche de nostalgiques de l’URSS. Aucune politique de progrès ne pourra donc être imaginée sans la prise en considération des frustrations de ce petit peuple oublié des élites. Sinon les Gilets jaunes reviendront !

Seconde aubaine avec ces autocrates : chacune de leurs frasques décourage tous ceux qui voudraient s’en inspirer ! Ainsi les Libéraux canadiens, ou les anti-Trumpistes australiens, ont-ils été dopés par les incongruités du golfeur de Mar-a-Lago. Le mal comme un vaccin ! Voilà qui avec un peu de chance va nous éloigner la Marine, le Jordan ou le Jean-Luc pour quelque-temps …

Et qui de plus, réconcilie leurs plus farouches détracteurs avec les avantages du libre échange, du débat démocratique, ou du libéralisme non débridé. Sans parler du retour sur terre après certaines dérives wokes …

Autre observation, la puissance des nouveaux réseaux de communication, qui facilite la prédation des esprits, par le mensonge et la manipulation. A ceci, une seule réponse : non pas une sur-sur-communication, ou une post-vérité encore plus grosse que les bobards habituels. Et donc un seul étalon pour l’avenir, de vrais résultats, tangibles et mesurables.

Il faudra aussi de l’audace et de la créativité, car si on peut douter des méthodes de nos autocrates, on peut partager leur diagnostic. Ce n’est pas parce que les coupes budgétaires de Milei ou Musk sont caricaturales et probablement contre-productives, qu’il n’y a pas « d’Etat profond » (nos énarques) ou de déficit colossal (une dette accumulée pour financer la consommation et la paix sociale, pas l’investissement).

Observer le pedigree de ces nouveaux politiciens engage aussi à réflexion. Là où en France le pouvoir est détenu depuis 30 ans par notre haute administration, appuyés par une caste d’élus professionnalisés, ces nouveaux politiciens viennent de la vie des affaires, de l’enseignement, les médias ou de l’armée, ils n’ont pas traîné 20 ans dans une administration ou sur des strapontins locaux.

Ils sont capables d’actes politiques tranchés, certes pas toujours opportuns, mais qui présentent l’avantage de la nouveauté. Et changent du ronron administratif qui nous étouffe. Tout ce que Bayrou n’incarnera jamais et que Macron a raté. Alors méfions-nous que répondre au Trumpisme, ne réveille pas des chevaux de retour, avec la chansonnette du « je vous l’avais dit ».

Enfin, ces autocrates augmentent le devoir d’exigence de nos sociétés : sommes-nous réellement si irréprochables, transparents, démocratiques, que nous le prétendons ? Une leçon d’humilité pour chacun …

Bref, ne craignons pas ces nouveaux dictateurs : prenons leur arrivée comme un accident de l’histoire, un juste rappel à l’ordre, et endossons certains de leurs diagnostics, sans suivre leurs recettes clivantes, et soyons plus entreprenants et créatifs, pour assurer à chacun progrès et épanouissement. Merci qui ?