Publié sur LSPB le 20 juin 2025

350 hectares, c’est la surface des terrains, précédemment promis à l’urbanisation, qui vont être définitivement classés en zone naturelle, dans le nouveau PLUi de l’ancien périmètre ACBA (Bayonne, Anglet, Biarritz, Bidart et Boucau), plan local d’urbanisme dont « l’arrêt » est soumis au vote des Conseillers communautaires ce 21 juin.

Pas question de contester la mesure, prise entre autres en application de la loi climat et résilience (2021) et son fameux dispositif « ZAN », qui promeut une moindre artificialisation des terres et la fin de l’étalement urbain, au profit de villes plus denses et d’une nature préservée. Des objectifs partagés, et puis la loi c’est la loi.

En revanche, on peut se demander pourquoi ces parcelles, promises par nos élus à une urbanisation rapide (classement 1AU) ou un peu plus tardive (2AU), dans des documents d’urbanisme officiels, n’ont pas été bâties, pendant les 15 ans qui ont précédé la loi ZAN. Car avec 100 logements / hectare et 2 personnes par logement, ces surfaces représentaient un potentiel de 2 x 100 x 350 = 70 000 habitants, disons même 100 000 en étendant l’estimation à toute la côte.

Depuis 20 ans, le Pays basque vit une crise du logement, claironnée à tout va, source d’inégalités cruelles, mais a donc laissé filer des opportunités de construction pour 100 000 habitants, là où la demande est la plus forte, les transports et services publics présents, etc.

Il est courant depuis ces 20 ans d’accuser de cette crise l’Etat, les résidences secondaires, les loueurs en meublé, ou encore les habitants de métropoles fuyant la Covid, autant de boucs émissaires dociles … alors qu’il y avait tout ce potentiel qui n’a pas été exercé.

Je ne prétends pas que la Côte basque serait plus vivable avec 50 000 logements en plus, mais j’ai mal au coeur pour tous ces gens, jeunes en particulier, exclus de logement dignes, ou y accédant au terme de mois d’attente … Je bous en voyant tous ces automobilistes, embouteillés chaque matin pour gagner le BAB, par Maignon, Bayonne Nord ou Biarritz, perdant des milliers d’heures de vie. Eloignés par l’absence de logements … alors qu’il y avait toute la possibilité d’en construire à deux pas de leur travail.

Je pense aussi à ces petits propriétaires, qui ont parfois été empêchés de vendre leur terrain, ou de le transmettre à leurs propres enfants. On les a traités de nantis, soupçonnés de spéculation, et leur terrain ne vaut désormais plus rien. Ces fils de métayers, si fiers d’être devenus propriétaires, qu’on a empêché de diviser ou de donner, et dont les enfants sont condamnés à rester locataires.

Untel avait cru faire affaire à 5 reprises avec un promoteur, 5 fois la mairie a refusé. Telle autre c’est 8 fois. Et il y a cette famille, avec autant de parcelles que de petits-enfants, qui brûlent leur retraite en entretien et taxes foncières, sans possibilité de transmettre. Ou celle-là contrainte à vendre un terrain à 90€/m2, revendu à 630 €/m2 à un organisme social pour du BRS.

Tant pis pour ceux qui ont fait de la rétention foncière, y compris l’EPFL, qui voit partir en fumée 20% de son patrimoine, payé avec nos impôts. Alors qu’il y avait tant de gens à loger, tant de place et de moyens pour cela. Mais on a préféré culpabiliser les arrivants, plutôt que de s’occuper des présents. Démagogie, ou bien création consciente ou inconsciente d’une pénurie, moyen cynique d’entretenir un pouvoir, va savoir …

Aujourd’hui, quelles leçons tirer pour l’avenir ?

La première est que la puissance publique, chargée de l’intérêt général, n’est pas vaccinée contre la stupidité, et donc méfiance sur les attendus du futur PLUi, aussi séduisants que parfois inopérants.

Décourager la voiture au profit de transports en commun ? Pourquoi pas, ça marche très bien à San Sebastian, mais qu’on installe déjà des abris-bus.

Réserver le développement économique aux centres-villes ? Attention à des bourgs déjà muséifiés, et à cette règle d’or mondiale : « no parking, no business ».

Des logements sociaux ? Bien entendu, mais les bailleurs sociaux seraient incapables de loger tout le monde, il faut aussi encourager les bailleurs privés, petits épargnants à bichonner, plutôt qu’à humilier et contraindre.

350 hectares « rendus » à la nature, attention à ne pas les laisser partir en ronces, ou à y installer des projets de pure communication, qui vont dégoûter de la terre des apprentis-paysans.

Faisons confiance à l’intelligence humaine, et pas seulement aux règles de l’administration !