Publié sur LSPB le 29 août 2025

Dans les livres, on raconte que les Basques habitent dans des «etxe», pas dans des logements sociaux ! Or logement social par-ici, logement social par-là, mais quelle mouche zupienne a-t-elle piqué nos institutions du Pays basque pour en arriver à confondre habitat et logements sociaux ? Certes, rareté et prix élevés ne facilitent pas la vie de beaucoup d’entre nous, et on devine les intérêts électoraux ou démagogiques poursuivis, mais aucun sujet complexe ne peut être résolu par une solution unique.

Ainsi la loi SRU et les fameux « 25% de logements sociaux » ne peut être le seul critère à prendre en compte : elle fixe en effet un objectif qualitatif, pour éviter qu’une commune perde sa mixité et se transforme en ghetto pour riches ou pour pauvres, mais en aucun cas un objectif quantitatif pour répondre à l’ensemble de la demande.

Si on faisait le parallèle avec l’alimentation, c’est comme si une loi nous indiquait de faire « 25% de repas bio à la cantine », ce qui semble très bien, mais ne permettrait en rien de résoudre une éventuelle crise alimentaire. Bref il serait beaucoup plus intéressant d’entendre parler de « logements pour tous » que strictement de « logements sociaux ».

L’évocation monomaniaque de cette loi présente de plus des « effets de bord » dommageables à la cohésion sociale.

Ainsi sur des programmes où l’on contraint le promoteur à vendre à perte à 2500 €/m2 jusqu’à 70% des appartements à des bailleurs sociaux, mécaniquement on place les lots « libres » à 7000 €/m2, très loin de la plupart des bourses.

De plus, certaines contraintes d’urbanisme obligeant la production de logements sociaux sur des micro-programmes de 3 logements, interdisent de facto les divisions intra-familiales de nos pavillons traditionnels, la seule issue étant alors de les vendre en bloc à des acheteurs fortunés.

La loi SRU est faite pour loger les plus modestes d’entre nous, et c’est tant mieux : mais que viennent faire les classes moyennes dans cette nasse ? Après des salariés smicardisés, des familles logées en clapiers, et sans jardin ? A moins de faire construire à 50 km de son emploi …

On présente le BRS (bail réel solidaire, le logement est vendu mais le terrain reste propriété HLM) comme une panacée : mais à 4000 €/m2 pour n’être qu’un faux propriétaire, pour toujours entre les mains d’un office HLM, et sans espoir de plus-value, où est la dimension sociale ? Et cette plus-value caricaturée en « spéculation », alors qu’elle n’est que la rémunération d’une prise de risque ?

On ne targue de vertu que les opérateurs sociaux : mais eux-aussi ont leur logique de rentabilité, leurs salariés ne sont pas bénévoles, et souvent en bien plus grand nombre que chez les promoteurs. Ces derniers ne sont certes pas des œuvres de charité, mais ni plus ni moins qu’une entreprise industrielle, un restaurant ou un cabinet dentaire, ce sont des entreprises spécialisées dans la production de logements !

Et pourquoi contraindre et encadrer les petits épargnants bailleurs privés, alors qu’ils logent 60% des locataires en France, et pourraient même eux-aussi faire de l’habitat social, à travers « l’usufruit locatif social » ?

Et enfin, au nom de quoi une génération qui n’a connu que l’abondance, contraindrait-elle les suivantes à la disette ?

De plus, il est notoire de constater que dès que la puissance publique prend en charge un dossier, celui-ci s’enlise. Souvenez-vous des masques chirurgicaux, pendant les premiers mois du confinement, que beaucoup de collectivités locales se targuaient de savoir importer, alors que c’est le type de mission à confier à Carrefour ou Intermarché, qui font très bien ça toute l’année … Imaginez l’administration prendre en charge notre alimentation : ce serait la famine assurée, alors qu’en déléguant la mission aux agriculteurs, à l’industrie, à la distribution et à la restauration, on s’en sort très bien !

Bref, nos politiques locales du logement s’appuient sur une loi mal comprise, des objectifs bassement comptables, des opérateurs pas toujours performants, un manque d’ambition pour l’ensemble de notre population, et une pénurie entretenue par des mesures contreproductives.

Vive le logement libre !