Publié sur LSPB le 24 janvier 2025

Voilà c’est fait, le monde entier est entré dans une nouvelle dimension, et malgré la pureté immaculée de ses pierres, la Maison Blanche accueille désormais pour la seconde fois un locataire au teint orangé, petit milliardaire mais grand populiste, réchappé d’attentats et inspirateur de quasi-coup d’État, repris de justice porté aux nues par un peuple souverain. Et notre presque octogénaire arrive entouré d’allumés complotistes, ou de brillants multimilliardaires.

Dans nos vieux pays, de France ou des Basques, on sent déjà un vent de critiques, nourri par des relents de lutte des classes, de jalousie, ou de tentation du repli, « au secours ce sont des libéraux ».

Or porter un jugement aussi simpliste est inexact, réducteur, et dangereux.

Inexact car si la paire Trump – Musk, désormais complétée par les compères Bezos ou Zuckerberg, a largement profité de la liberté d’entreprendre aux USA, ils ont aussi bénéficié de larges subventions fédérales, comme des crédits carbone dans le cas des véhicules Tesla. Lesquels, au passage, n’ont aucun sens écologique, vu le poids des gigantesques batteries et carrosseries qu’elles doivent trimbaler, mais ceci est un autre sujet. Et leur projet politique semble porter de lourdes mesures liberticides, sur les mœurs ou l’immigration en particulier. Bref dans leur langage propre, « liberté » semble signifier LEUR liberté de gagner beaucoup d’argent, et pas NOS libertés à tous comme valeur sociale cardinale.

Ainsi il serait réducteur de considérer ces brillants opportunistes comme des libéraux, car tous les opportunistes ne sont pas libéraux, pas plus que tous les libéraux sont opportunistes. Le libéralisme a été théorisé dès le 19e siècle par le Bayonnais Frédéric Bastiat (on l’enseigne à Harvard, tandis qu’ici, plus modestement, il a sa rue au Petit Bayonne, il fut député des Landes, sur la circonscription d’Henri Emmanuelli et aujourd’hui Boris Vallaud), et il établit la liberté individuelle comme moyen d’épanouissement personnel, et méthode efficace d’organisation de la société.

Ainsi, il est dangereux pour nos libertés, de transformer le mot « libéral » en insulte, et, quelque part, de prendre des mesures liberticides générales, sous prétexte de mieux encadrer les excès de quelques loustics. Ce n’est pas parce qu’il y a des renards qu’on doit boucler les poules toute la journée.

Alors comment envisager l’avenir de nos pays, face au rouleau compresseur du pouvoir Trump, qui d’une manière ou d’une autre va influencer nos vies, y compris ici en Pays basque ? Car un retrait militaire et il laisse l’ogre russe à nos portes, une action sur les taux et il rend notre dette insoutenable, une taxation et nos emplois aéronautiques toussent. ..

Or au lieu de critiquer Trump (c’est trop facile) ou de l’admirer (c’est quand-même un sacré zozo), il serait utile de réfléchir à ce que son équipe peut avoir de bon, et là j’y devine principalement leur capacité à innover.

Innover c’est essayer, souvent se tromper, et puis un jour trouver une nouvelle voie.

Certes Trump est âgé, 78 ans, mais sa carrière politique a moins de 15 ans, et il a cumulé les expériences auparavant, renforçant sa capacité à innover, une leçon pour beaucoup d’élus locaux qui enchaînent des mandats sans surprise sur 40 ou 50 ans …

Quand Trump suggérait de soigner le Covid à l’eau de Javel, il se ridiculisait, mais au moins il tentait quelque-chose, finançait son industrie, et à la fin l’américain Pfizer a trouvé le 1er vaccin. Pendant ce temps, nos plus beaux dirigeants nous indiquaient comment remplir nos auto-autorisations de sortie, d’une rigoureuse conformité administrative, on empruntait pour payer notre oisiveté, et Sanofi n’a toujours pas trouvé de potion.

Je reste méfiant d’un entrepreneur comme Musk, mais au moins il innove de toutes parts, et peut-être un jour il nous conduira sur Mars. Pendant ce temps, en France, on parle à nouveau de retraites, certains tentent de faire tomber le Premier ministre alors qu’il tente la voie du compromis (bravo nos deux députés gauchos, voter la censure, ça va faire avancer nos affaires !), et en Pays basque on se targue « d’innover » par l’encadrement des loyers ou la compensation des locaux touristiques, tout en laissant la crise du logement intacte …

Voilà ma conclusion du jour : non, le nouveau pouvoir étasunien n’est pas libéral, mais au moins il innove, alors que chez nous, les tentations liberticides se multiplient, étouffant de plus notre capacité à innover.

Cumuler le pire des deux mondes, la seule issue pour nos vieux pays ?