Publié sur LSPB le 21 mars 2025
Et de deux ! Après Iñaki Echaniz, le Béarnais au patronyme basque, voici un second jeune député local de gauche, le Basque au nom gascon Peio Dufau, qui arrive peu ou prou à faire passer une loi transpartisane qui porterait son nom, dans la première année de son mandat !
Deux jeunes députés et deux nouvelles lois, théoriquement pertinentes pour nos problématiques locales, respectivement contre les locations touristiques de courte durée, et pour réguler les cessions de terres agricoles.
De quoi secouer le cocotier de nos parlementaires de la dernière décade, les Allaux, Brisson, Bru, Capdevielle, Espagnac, Lassalle ou Lasserre, tous vieux routiers de la politique, mais qui en apparence n’ont pas fait preuve de la même efficacité !
Les deux nouveaux députés ont plusieurs points communs : un début de carrière discret dans la fonction publique (éducation nationale, SNCF), un militantisme au PS ou à EHBai, des mandats locaux à Oloron et Ciboure, une élection surprise en 2022 ou 2024, et puis un parcours parlementaire fulgurant.
Ceci est réjouissant pour le jeu démocratique, et démontre que l’alternance des élus, gage de fraîcheur et de nouveauté, peut faire avancer la chose publique. Et qu’on n’a pas besoin de faire Science Po ou l’ENA pour manipuler la matière législative. Même si les lois n’ont pas encore passé l’épreuve des décrets d’application, et de la cuisine de la haute administration, mais ceci arrive aux meilleurs. La loi « Sempastous » (ex-député de Bagnères) n’a été applicable que quand son auteur avait déjà quitté l’Assemblee !
Mais une fois passée cette première réaction d’enthousiasme, des questions se posent.
Que vient faire le député d’Oloron, ville aux 500 logements vides, à tenter de résoudre le problème du logement dans les zones côtières, en s’attaquant à la fort pratique tête de Turc de la fiscalité des locations saisonnières ? Au détriment de ces centaines de familles béarnaises ou souletines, qui ont acheté en leur temps un pied-à-terre sur la Côte, et le louaient deux semaines pour payer les charges, et se trouvent désormais dans la difficulté ? Et en s’arc-boutant sur un abattement fiscal symbolique (les 71%), alors que les vrais industriels de la location n’y ont pas droit, et passent par d’autres martingales comme la LMNP ? Ce qui va pénaliser les loueurs de leur résidence principale, tandis que les autres locations à courte durée sont finalement interdites par l’Agglo. Si on voulait vraiment favoriser le logement, n’aurait-il pas été plus utile d’encourager les locations à l’année ? Mais il est plus facile de trouver des coupables que des solutions.
Même regard sur la chasse aux grands méchants acheteurs des terrains ruraux, qui selon un discours lancinant, seraient à l’origine des crises agricoles. Or si le Pays basque a pu perdre 3000 ha de terres agricoles « nourricières » ces dernières années, ce n’est pas tant à cause de leur rachat par des petits bourgeois, c’est que le travail est y trop dur et ne rapporte rien, et que des paysans jettent l’éponge ou ne trouvent pas de suite. Le député d’Espelette devrait savoir que quand il y a une filière à valeur ajoutée comme le piment, on ne perd aucune terre agricole ! De plus il est moins important de savoir qui possède la terre, que de savoir ce qu’on va en faire. Quoi de nourricier à des prairies exploitées par de vrais paysans, mais dévolues aux chevaux loisir ? Et que fait l’EPFL de tous ses terrains stockés ? Sans tripatouiller encore la loi (l’inflation législative finit par paralyser le pays), la commission préfectorale qui autorise le type de cultures pratiquées, devrait mieux veiller au grain …
Dans les deux cas, nos jeunes députés s’intéressent donc à des thématiques d’actualité, mais tombent dans la facilité de désigner les boucs émissaires, sans proposer de solution constructive d’avenir.
Alors, ces nouveaux parlementaires, de fins législateurs, ou des as de la communication aux méthodes populistes ? À surveiller de près !