Publié dans LSPB le 12/07/2024

Le résultat inattendu du second tour des élections législatives anticipées du 7 juillet 2024, exige un changement drastique de méthode chez nos chers politiciens.

Après des années à s’invectiver, et à réduire le débat d’idées à la désignation de boucs émissaires, il va leur falloir apprendre à travailler ensemble, et à mieux écouter la base pour obtenir des résultats concrets, sur la base d’idées neuves.

Car n’en déplaise à nos deux extrêmes, le monde démontre chaque jour que les vieilles idées au pouvoir en Russie ou en Corée du Nord ne fonctionnent pas, et qu’il n’y a rien de mieux sur terre que nos démocraties libérales. A améliorer, pas à casser !

C’est là qu’arrive l’indispensable idée de coalition, tout à fait banale chez nos voisins espagnols ou allemands, mais tellement exceptionnelle en France. Chez nos voisins basques, c’est une forme de cogestion PNV-PSOE qui donne des résultats spectaculaires …

Or la dernière recherche d’un consensus raisonnable, nous ramène 8 années en arrière, dans le Macronisme originel de 2016.

Après la déception Hollande, il émanait autour du futur candidat un parfum de mille fleurs et tendances, citoyens désireux de novation, socialistes saoulés par Solférino, gaullistes sociaux, entrepreneurs progressistes, bref un parfum de coalition pour un pays en marche vers un monde nouveau.

Et puis patatras, en 2017, les voleurs de rêves sont passés, notables en quête d’infinies carrières, recalés de la primaire de la droite et autres copains de promo de l’ENA, ont barboté tout l’espoir d’un mouvement. On peut même se dire, avec le recul, que pendant que les « comités » continuaient à réfléchir, la tête du mouvement était en train d’imprimer les tracts de campagne.

Et ce qui devait être un progressisme est devenu un conservatisme d’élites coalisées, avec le seul projet en commun d’arriver ou rester au pouvoir, pour y faire l’inverse de ce que l’on aurait pu en attendre.

Un pouvoir vertical s’est établi, pas du tout libéral comme certains le font croire (Macron est avant tout un haut fonctionnaire, pas un banquier !), et le pays s’est fracturé en une dizaine de « tribus », tout en s’endettant jusqu’à la gueule. Les Gilets jaunes ont été les premiers à le signifier avec force !

Aujourd’hui, comment réassembler le puzzle français, et remettre le pays en marche ? Surtout avec cet exemple navrant de coalition réduite aux acquêts de la conquête de maroquins ?

On ne connaît chez nous, sous ce vocable, que les arrangements électoraux, comme ce tout frais « Nouveau Front Populaire », dont personne de sensé ne peut croire un seul instant qu’il est capable de passer l’été, entre problèmes d’égo, plans de carrière, programme inapplicable ou divergences radicales, en particulier en termes de politique internationale.

Idem à droite, où les LR comptent plus de présidentiables que d’adhérents, où le schisme Ciotti ne fait que commencer, et où les règlements de compte ne tarderont pas au sein du Rassemblement national, face à la déception du moment. Et itou en Macronie, où après avoir sidéré ses troupes, un vent de grogne s’est levé, a fortiori avec un chef non-rééligible en 2027.

Face à l’impasse d’une arithmétique implacable, reste le champ des idées.

Car au cœur de l’action publique, et de l’éventuelle adhésion de nos concitoyens, il nous faut des idées, des belles, des qui fonctionnent, des qu’on échange, défend, amende, peaufine, des qui donnent des résultats, pas celles griffonnées en quelques minutes sur un coin de table et aboyées comme des doxas. Et des idées qui savent prendre en compte tous les signes du terrain, comme ces 10 millions de voix pour le Rassemblement national, qu’aucun responsable sérieux ne peut négliger.

Serons-nous capables de revenir aux sources de l’art politique, non pas comme celui de la conquête du pouvoir, mais celui de la sage gestion de la cité autour du débat d’idées ?

Un temps très bref va nous l’apprendre …