Publié sur Ramdam6440 le 1er septembre 2024

Aller d’Irún à Donostia-San-Sebastián c’est parcourir la même distance que de Saint-Jean-de-Luz à Bayonne, mais avec un choix de moyens de transports beaucoup plus large.

Si dans les deux cas on trouve une autoroute payante, côté sud on nous propose aussi une voie rapide et jamais embouteillée. De plus on peut contourner la capitale gipuzkoanne sur dix kilomètres par une quatre voies gratuite, tout comme via la large rocade autoroutière. Un peu comme éviter Bordeaux, alors que chez nous on trouve un maigre tronçon gratuit de 800 m au dessus de l’Adour. Outre Bidassoa un bâton A15 écourte le trajet vers Pampelune, comme si on pouvait passer de la RD 810/A63 à la route d’Ustaritz, à l’autoroute A64 vers Pau ou à la RD817 vers Tarnos, sans venir s’engluer dans la circulation du BAB. Aller à Pampelune ou Vitoria, leurs Dax et Pau, peut être gratuit.

En train on trouve certes le légendaire « Topo » d’Euskotren, un métro à ligne métrique, mais aussi les « Cercanías » de la Renfe, qui irriguent tout le bassin de population, d’Irún jusque après Tolosa, sur des rails à écartement espagnol. Une ligne TGV-AVE à écartement européen est en cours de construction depuis Burgos, mais comme son prolongement dans le corridor Gros/Hendaye posait problème, un troisième rail est en cours de pose sur la voie existante, pour des TGV sans LGV branchés sur l’Europe, mais aussi un projet de RER Atotxa-Rentería-Colón, qui deviendrait omnibus jusqu’à Dax.

Travaux en cours, Euskotren a éventré le quartier de la Concha, pour prolonger son Topo d’Easo vers la plage, puis Ondarreta, et retour vers Lasarte. Une nouvel échangeur sur l’ancienne autoroute GI20 vers Gros est prêt à ouvrir, tandis que nous pleurons nos sorties vers Caresse ou Chantaco. La gare de Donostia enterre ses voies, découvrant une immense place urbaine devant le centre culturel Tabakalera, et dégageant du terrain à bâtir. Le piéton bénéficie partout de larges trottoirs, tandis que le cycliste dispose de son réseau propre de « Bide gorri », qui ruisselle dans toute l’agglomération. Et pour effacer le relief tourmenté, des tunnel et ascenseurs urbains sont proposés, y compris dans des quartiers populaires comme Morlans, Loiola ou Altza. Loin des vagues coups de peinture parfois bâclés chez nous …

Ne parlons plus des Dbus urbains ou Lurraldebus interurbains, ni des autocars dans des gares routières flambant neuves, car une nouvelle consternante frappe notre déjà sous-équipée Côte basque. En-effet depuis cette rentrée, en application de l’interdiction aux véhicules de plus de 16 tonnes du pont Luis-Mariano au dessus des voies SNCF (désolé, Luis !), la gare de Biarritz La Négresse n’est plus desservie par des lignes de bus majeures, comme la ligne 3 Hendaye /Bayonne, qui devait s’y arrêter depuis 100 ans (« Sud Ouest » du 28 août 2024, p13).

Je répète pour ceux qui n’en croiraient pas leurs yeux : malgré les sommes folles dépensées, le charabia sur l’intermodalité entre les moyens de transport, les frais d’étude et de personnel, la fine fleur des élus de la Côte parmi les 17 président, vice-présidents ou délégués de notre syndicat des mobilités, la deuxième gare du Pays basque, porte vers une destination touristique internationale, point d’accès ferroviaire pour des milliers de salariés, habitants ou étudiants, ne sera plus desservie par de nombreuses lignes de bus, pour une affaire de code de la route.

J’ignore si notre fameux pont est national, ferroviaire, départemental, intercommunal ou municipal, et j’entends déjà le prochain cri scandalisé « Mais c’est la faute à l’État !». Sauf que les transports locaux sont décentralisés depuis des lustres, et si le code de la route est bien de compétence nationale, on peut espérer que quelqu’un, chez nous, l’étudie avec soin avant de faire rouler des bus. Et cessons de parler de millefeuilles administratif, entre État, Région, Département, Syndicat d’agglo, communes, SNCF ou TxikTxak, Keolis/Ratp, nos voisins et amis ont aussi un État, un gouvernement (autonome), des diputaciones, communes, Renfe, Euskotren, Dbus etc …

Et surtout pas de chouinement sur le manque de moyens, ce sont nos salariés d’employeurs de plus de dix personnes, dont les patrons versent 2% de la masse salariale au titre du versement mobilité, sur l’ensemble des communes basques, y compris sur celles où la probabilité de voir passer un bus y est aussi élevée que celle d’y organiser les prochains Jeux Olympiques. Des salariés agglutinés chaque matin dans les bouchons de Sutar, des Docks, ou de Bayonne Nord, et que l’on culpabilise au nom d’une prétendue addiction volontaire à la voiture individuelle …

50 millions qui ne vont pas aux salariés, mais surtout 50 millions chaque année, ça fait beaucoup beaucoup d’argent, d’où cette question à nos deux exemples locaux : comment font nos voisins, pour de si belles réalisations, et comment faisons-nous ici, pour de si piètres résultats ?